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Eugène Ionesco, est un écrivain franco-hongrois [1]. Il né en 1909 en Roumanie, mais émigre rapidement vers la France en 1913, comme quoi on ne lutte pas contre le destin ! Il fit beaucoup d’allés retour entre la Roumanie et la France. Pour ce qui est de ces études, il reçut une bourse afin d’étudier en France et échapper au régime sec qui s’installe alors en Roumanie.
La première représentation de la cantatrice chauve, s’est déroulée en 1950 par Nicolas Bataille. A croire que le nom du metteur en scène était calculé ! La pièce fût reçue avec des cris de hantise de la part du public et des critiques, il ne faisait pas bon vivre pour Monsieur et Madame Smith !
Pourquoi ? Bon, je vais aller à l’essentiel, imaginez que tous les soirs, votre mari ou votre femme se mettent à vous parler de ce que vous venez de manger au dîner, allant de la façon de faire cuir le beurre, jusqu’à la qualité de l’huile du magasin d’en face de la rue saint Michel qui est mieux que celle de la rue adjacente de la rue pigeon situé à 37 degrés sud de la Belgique flamande. Tout de suite la première scène met dans l’ambiance, on pourrait croire que dans un élan de folie, Mr.Smith attrape un couteau de boucher et fasse cuire sa femme dans le four avec la bonne huile achetée dans la bonne épicerie avec le bon argent qu’est celui des Smith, mais là tout le savoir faire est de pouvoir cuire un Smith à la façon Smith, si on n’est pas Smith ça marche pas. Du coup ça semble trop compliqué et ne fît rien, enfin il claque sa langue comme pour rappeler au lecteur que ça femme doit avoir une tare.
On enchaîne donc des situations aussi… palpitantes les unes que les autres.
On découvre que les Smith ne sont pas seuls ! En effet ils ont des amis, on ne peut qu’imaginer l’époustouflante ferveur que chaque dialogue doit créer entre madame Smith et ses amies.
Prenons un exemple de dialogue possible entre deux amies :
Madame Smith -Alalala j’ai plein de truc à faire demain t’imagine même pas, faut que j’aille manger, faut que j’aille nager, faut que j’aille chasser l’ornithorynque et faut aussi que je fasse cuire des œufs brouillés mais réconciliés pour le petit dej.
Madame X -Moi aussi je trouve que la radio devient de plus en plus démagogues.
Et c’est là tout l’attrait de cette œuvre, cette pièce est vicieuse, et fait perdre toutes les connexions logiques de notre cerveau, si bien que lorsque l’on sort du théâtre une envie de se supprimer nous prend (avec des radis). Mais la remise en cause de l’utilité de nos communications avec les autres est tellement chamboulée que, certaines personnes se sont arrachées la langue en signe de soutient ! Cette pièce est un peu un test d’évaluation de la résistance au suicide fait par des thérapeutes fous pour des soldats prisonniers à la guerre.
Alors oui, Ionesco est un génie de la littérature, mais comme tous les génies il à inspiré d’autres auteurs, prenons Beckett (totalement au hasard), sa pièce En attendant Godot (toujours avec le plus fou des hasard) paru 3 ans plus tard, est une autre version de la tragédie du langage de Ionesco. Mais c’est là où on voit que Ionesco est bien plus balaise que Beckett, ce dernier à lâchement profité de la brèche dans le mur de la raison que Ionesco avait ouverte pour engouffrer sa pièce.
Après tout ça, il faut aussi parler du titre de l’œuvre qui est quand même très important, la cantatrice chauve est sujet d’une réplique dans l’œuvre, on apprend par ailleurs qu’elle se coiffe toujours de la même façon.
Ce n’est pas la seule œuvre de Ionesco, mais c’est la plus célèbre car totalement novatrice, Ionesco s’est mis un point d’honneur à exposer sa version des dialogues, on assiste donc à des dialogues inutiles, dans des scènes impossibles avec des personnages naïfs à souhait. C’est le cas dans le roi se meurt par exemple.
La parole en prend un coup avec Ionesco, tel Freddy le personnage de film d’horreur, Ionesco crée un cauchemar, un cauchemar long et incohérent et les décors sur la scène sont pour ainsi dire l’appel à l’ouverture des portes de l’enfer. Le théâtre de la Huchette qui fait une représentation quotidienne de la leçon et de la cantatrice chauve est sans aucun doute bâti sur un ancien cimetière indien ou des Francs-maçons ont pratiqués des rituels sataniques afin d’invoquer le diable.
La cantatrice chauve reste quand même la plus grande œuvre de Ionesco, qui eut le sacre d’un Molière en 1989. Elle est jouée tout les soirs depuis 1957, et fait partie des pièces ayant eu le plus de représentation en France. Ceci est très fort dans le sens où cette pièce reste accessible tout en étant contestatrice. L’humour est omniprésent par le biais de l’absurde qui est le fer de lance du message de Ionesco.
La pièce est totalement intemporelle, en effet que ce soit en -50 avant Jésus christ, en 1950, ou en 2010, la parole est toujours là, et est toujours critiquée de la même façon. On ne peut pas dire que Ionesco à tord, la parole est un meuble dans notre vie, mais elle reste indispensable à notre équilibre mental.
Ionesco, Beckett et Queneau ont totalement remis en cause la parole, pour l’un d’entre eux il l’a même supprimée. La remise en cause est facile, mais comment se passer de ce confort ?
[1] : Je sais très bien qu'il est Roumain.
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